Quand le Magistère de l’Église parle du chant grégorien
On trouvera ici un certain nombre de textes ou extraits au sujet du chant grégorien.
Sur ce sujet, nous ne pouvons que vous recommander la lecture d’un excellent ouvrage de synthèse :
« Quelle musique sacrée pour aujourd’hui » de Mgr Miserach-Grau (président de l‘Institut Pontifical de Musique Sacrée), aux éditions Tempora, 2008.
Voici un extrait de son introduction:
« La forme ordinaire du missel romain propose les textes de l’ordinaire aussi bien en latin qu’en langue vernaculaire. L’Église le désire. Le chant grégorien ne doit pas rester dans le cadre de l’académie, du concert ou des enregistrements discographiques. On ne doit pas le momifier comme une pièce de musée, mais au contraire le développer afin qu’il redevienne le chant vivant de l’assemblée dominicale qui y trouvera l’assouvissement de tensions spirituelles très profondes et y sentira vraiment l’universalité du peuple de Dieu. Il est temps de remettre ce chantier à l’ordre du jour. Les églises cathédrales, les églises majeures, les monastères, les couvents, les séminaires et les maisons de formation religieuse doivent donner un exemple éclairant, pour qu’un jour prochain les paroisses les plus petites puissent être à leur tour touchées par la beauté suprême du chant de l’Église.
Et le chant grégorien retentira persuasif, et amalgamera le peuple dans le vrai sens de la catholicité. Et l’esprit du chant grégorien inspirera des nouvelles compositions. »
Textes du Magistère:
2011 Lettre de Benoit XVI
2010 Verbum Domini
2002 Présentation générale du Missel Romain
2001 Chirographe de Jean-Paul II
1973 Discours de Paul VI à la CIMS
1967 Musicam Sacram
1964 Discours du Saint Père à l’institut Grégorien de Paris
1963 Sacrosanctum Concilium, Constitution sur la sainte liturgie du Concile Vatican II
1955 Musicae sacrae
1947 Mediator Dei
1903 Tra le sollecitudine
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Benoit XVI
Discours aux participants au congrès des Scholae Cantorum de toute l’Italie, 10 novembre 2012
« E qui, cari amici, voi avete un ruolo importante: impegnatevi a migliorare la qualità del canto liturgico, senza aver timore di recuperare e valorizzare la grande tradizione musicale della Chiesa, che nel gregoriano e nella polifonia ha due delle espressioni più alte, come afferma lo stesso Vaticano II (cfr Sacrosanctum Concilium, 116). E vorrei sottolineare che la partecipazione attiva dell’intero Popolo di Dio alla liturgia non consiste solo nel parlare, ma anche nell’ascoltare, nell’accogliere con i sensi e con lo spirito la Parola, e questo vale anche per la musica sacra. Voi, che avete il dono del canto, potete far cantare il cuore di tante persone nelle celebrazioni liturgiche. »
Chers amis, vous avez un rôle important : appliquez-vous à améliorer la qualité du chant liturgique, sans avoir peur de retrouver et de valoriser la grande tradition musicale de l’Eglise, qui trouve ses deux plus hautes expressions dans le grégorien et dans la polyphonie, comme l’a affirmé le Concile Vatican II. Et je voudrais souligner que la participation active du peuple de Dieu à la liturgie ne consiste pas seulement à parler, mais aussi à écouter, à accueillir avec les sens et avec l’esprit la Parole, et ceci vaut aussi pour la musique sacrée. Vous qui avez le don du chant, vous pouvez faire chanter le coeur de tant de personnes dans les célébrations liturgiques. Traduction : Zenit, 13 novembre 2012.
Lettre au Grand chancelier de l’Institut pontifical de musique sacrée, juin 2011
Au cours des cent dernières années, cette institution [L’institut Pontifical de Musique Sacrée] a donc assimilé, élaboré et transmis les contenus doctrinaux et pastoraux des documents pontificaux, ainsi que du Concile Vatican II, concernant la musique sacrée, afin qu’ils puissent illuminer et guider l’œuvre des compositeurs, des maîtres de chapelle, des liturgistes, des musiciens et de tous les formateurs dans ce domaine.
A cet égard, je désire mettre en évidence un aspect fondamental, qui m’est particulièrement cher: à savoir que, de saint Pie X à aujourd’hui, on constate, tout en suivant une évolution naturelle, la continuité substantielle du magistère sur la musique sacrée dans la liturgie. Les Papes Paul VI et Jean-Paul II, à la lumière de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, ont en particulier voulu réaffirmer l’objectif de la musique sacrée, c’est-à-dire «la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles» (n. 112), et les critères fondamentaux de la tradition, que je me limite à rappeler: le sens de la prière, de la dignité et de la beauté; la pleine adhésion aux textes et aux gestes liturgiques; la participation de l’assemblée et, donc, l’adaptation légitime à la culture locale, en conservant dans le même temps l’universalité du langage; la primauté du chant grégorien, comme modèle suprême de musique sacrée, et la sage valorisation des autres formes expressives, qui font partie du patrimoine historique et liturgique de l’Eglise, spécialement, mais pas seulement, la polyphonie; l’importance de la schola cantorum, en particulier dans les églises cathédrales. Il s’agit de critères importants, à prendre attentivement en considération également aujourd’hui. Parfois, en effet, ces éléments qui se retrouvent dans Sacrosanctum Concilium, tels que, précisément, la valeur du grand patrimoine ecclésial de la musique sacrée ou l’universalité qui est caractéristique du chant grégorien, ont été considérés comme l’expression d’une conception correspondant à un passé à dépasser et à ignorer, car limitant la liberté et la créativité de l’individu et des communautés. Mais nous devons toujours nous demander à nouveau: qui est l’authentique sujet de la liturgie? La réponse est simple: l’Eglise. Ce n’est pas l’individu ou le groupe qui célèbre la liturgie, mais celle-ci est tout d’abord une action de Dieu à travers l’Eglise, qui possède son histoire, sa riche tradition et sa créativité. La liturgie, et en conséquence la musique sacrée, «vit d’un rapport correct et constant entre sana traditio et legitima progressio», en ayant toujours bien à l’esprit que ces deux concepts — que les pères conciliaires soulignaient clairement — se complètent réciproquement car «la tradition est une réalité vivante, et inclut donc e
n elle le principe du développement, du progrès» (Discours à l’Institut pontifical liturgique, 6 mai 2011; cf. ORLF n. 20 du 19 mai 2011).
Exhortation apostolique post-synodale VERBUM DOMINI, septembre 2010
N° 70. Dans le cadre de la valorisation de la Parole de Dieu durant la célébration liturgique, on fera aussi attention au chant retenu pour les moments prévus selon chaque rite, favorisant celui qui est clairement inspiré par la Bible et qui exprime, par l’accord harmonieux des paroles et de la musique, la beauté de la Parole divine. En ce sens, il est bon de mettre en valeur les chants que la Tradition de l’Église nous a livrés et qui respectent ce critère. Je pense en particulier à l’importance du chant grégorien.
Catéchèse sur Romanos le Mélode, 21 mai 2008
Humanité palpitante, foi ardente, humilité profonde imprègnent les chants de Romanos le Mélode. Ce grand poète et compositeur nous rappelle tout le trésor de la culture chrétienne, née de la foi, née du cœur qui a rencontré le Christ, le Fils de Dieu. De ce contact entre le cœur et la Vérité qui est Amour naît la culture, est née toute la grande culture chrétienne. Et, si la foi reste vive, cet héritage culturel non plus ne devient pas chose morte, mais il reste vivant et présent. Les icônes parlent encore aujourd’hui au cœur des croyants, ne sont pas des choses du passé. Les cathédrales ne sont pas des monuments moyenâgeux, mais des maisons de vie, où nous nous sentons « chez nous »: nous y rencontrons Dieu et nous nous y rencontrons les uns les autres. Semblablement, la grande musique, le grégorien, ou bien Bach, ou bien Mozart, n’est pas chose du passé, mais elle vit de la vitalité de la liturgie et de notre foi. Si la foi est vivante, la culture chrétienne n’est pas « du passé », mais elle reste vivante et présente. Et si la foi est vivante, aujourd’hui aussi nous pouvons répondre à l’adjuration qui se répète toujours et toujours dans les psaumes : « Chantez au Seigneur un cantique nouveau ». Créativité, innovation, cantique nouveau, culture nouvelle et présence de tout l’héritage culturel dans la vitalité de la foi ne sont pas exclusifs les uns des autres, mais sont une unique réalité : ils sont présence de la beauté de Dieu et la joie d’être ses enfants.
Paroles au terme du concert offert par la fondation « Domenico Bartolucci », 24 juin 2006
Source: Site du Vatican
Une authentique mise à jour de la musique sacrée ne peut avoir lieu que dans le sillage de la grande tradition du passé, du chant grégorien et de la polyphonie sacrée. C’est pour cette raison que, dans le domaine musical, comme dans celui des autres formes artistiques, la communauté ecclésiale a toujours promu et soutenu ceux qui recherchent de nouvelles formes d’expression sans renier le passé, l’histoire de l’esprit humain, qui est également l’histoire de son dialogue avec Dieu.
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Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements
Présentation générale du Missel Romain, 2002
N° 41. Le chant grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, doit, toutes choses égales d’ailleurs, occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, et surtout la polyphonie, ne sont nullement exclues, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique et qu’ils favorisent la participation de tous les fidèles.
Et comme les rassemblements entre fidèles de diverses nations deviennent de plus en plus fréquents, il est nécessaire que ces fidèles sachent chanter ensemble, en latin, sur des mélodies assez faciles, au moins quelques parties de l’Ordinaire de la messe, notamment la profession de foi et l’oraison dominicale.
De l’usage des langues vernaculaires dans l’édition des livres de la liturgie romaine. Cinquième instruction « pour la correcte application de la constitution sur la Sainte Liturgie. 28 Mars 2001
Source : Site du Vatican.
La Sainte liturgie s’adresse non seulement à l’intelligence de l’homme, mais encore à toute sa personne, qui est le sujet d’une pleine et consciente participation dans la célébration liturgique. Ainsi, les traducteurs doivent laisser les symboles et les images contenus dans les textes, ainsi que les actions rituelles parler d’eux-mêmes, et non chercher à rendre trop explicite ce qui est implicite dans le texte original. C’est pour cette raison qu’il convient d’éviter avec prudence d’ajouter aux textes des explications qui n’existent pas dans l’édition typique. En outre, il faut veiller à ce que dans les éditions en langue vernaculaire, soient conservés au moins quelques textes en langue latine, puisés en particulier dans l’inestimable trésor du chant grégorien, que l’Eglise reconnaît comme propre à la Liturgie romaine, et qui, toutes choses d’ailleurs égales, doit occuper la principale place dans les actions liturgiques. En effet, ce chant possède une grande capacité pour élever l’esprit de l’homme vers les réalités d’en-haut.
Lettre accompagnant la publication du livret Jubilate Deo, 14 avril 1974.
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Jean-Paul II
Chirographe pour le centenaire du Motu Proprio “PARMI LES SOLLICITUDES” de Saint Pie X sur la musique sacrée, janvier 2001.
Source : site du Vatican.N°7. Parmi les expressions musicales qui répondent le mieux aux qualités requises par la notion de musique sacrée, en particulier la musique liturgique, le chant grégorien occupe une place particulière. Le Concile Vatican II le reconnaît comme le « chant propre à la liturgie romaine » (Constitution sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 116.) auquel doit être réservée, à condition égale, la première place dans les actions liturgiques chantées qui sont célébrées en langue latine (Cf. Sainte Congrégation des Rites, Instruction sur la musique dans la sainte Liturgie Musicam sacram (5 mars 1967), 50: AAS 59 (1967), 314.). Saint Pie X soulignait que l’Église l’a « hérité des pères antiques », l’a « jalousement conservé au cours des siècles dans ses codes liturgiques » et encore aujourd’hui le « propose aux fidèles » comme une forme qui lui est propre, en le considérant « comme le modèle suprême de la musique sacrée » (Motu proprio Parmi les sollicitudes, n.
3, p. 79. ). Le chant grégorien continue donc d’être aujourd’hui encore un élément d’unité de la liturgie romaine.
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Sacrée congrégation des rites
Musicam sacram (1967)
source : Portail de la liturgie catholique www.liturgiecatholique.frN° 52. Pour conserver le répertoire de musique sacrée et promouvoir comme il faut de nouvelles créations, « on accordera une grande importance à l’enseignement et à la pratique de la musique dans les séminaires, les noviciats de religieux des deux sexes et leurs maisons d’études, et aussi dans les autres institutions et écoles catholiques »[Constitution sur la liturgie, n. 115.], mais surtout auprès des instituts supérieurs spécialement destinés à cela. On doit pousser avant tout l’étude et la pratique du chant grégorien qui reste, en raison de ses qualités propres, une base de haute valeur pour la culture en musique sacrée.
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Paul VI
Discours aux membres de la « Consociatio Internationalis musicae sacrae », octobre 1973.
Source : site du Vatican.
Nous le rappelions encore récemment: une époque nouvelle s’ouvre pour la musique sacrée. Si elle est pleine d’espérance, elle ne va pas non plus sans difficultés et sans crises. Pour en favoriser l’heureuse solution, il importe que votre Association joue pleinement le rôle à la fois de conservation et de promotion qui s’impose actuellement. Conservation, oui. Il importe en effet de conserver, au moins dans certains centres spécialisés, le patrimoine de musique et de chant sacré qui appartient en propre à l’Eglise latine. Il faut aussi former les fidèles à établir un lien entre le culte et une expression musicale qui lui soit appropriée, spécialement en ce qui concerne le chant liturgique. Il faut en outre louer le souci de ceux qui cherchent à maintenir, dans les répertoires de chants liturgiques habituels, au moins les quelques formules jusqu’ici universellement utilisées, dans la langue latine et en grégorien. Elles sont tout à fait aptes à permettre le chant communautaire même à des fidèles de pays différents, à certains moments privilégiés du culte catholique, tels que par exemple le «Gloria», le «Credo», le «Sanctus» de la Messe. Nous disons aussi promotion: avec la réforme liturgique inaugurée par le Concile s’ouvrent des perspectives nouvelles pour la musique de l’Eglise et pour le chant sacré. Une nouvelle floraison d’art musical religieux est attendue aujourd’hui, puisqu’en chaque pays on admet dans le culte la langue usuelle, qui ne doit pas être privée de la beauté et de la force d’expression d’une musique religieuse et d’un chant adapté. Développant les exigences de la pastorale liturgique, le Concile rappelait opportunément que «l’Eglise approuve toutes les formes d’art véritable, si elles sont dotées des qualités requises, et les admet dans le culte divin» (Sacrosanctum Concilium, 112). Il vous appartient donc de mettre tous vos efforts à son service, pour en assurer la dignité et la beauté, et pour permettre à tout le peuple chrétien de participer effectivement et avec profit à la prière de l’Eglise.
Avec amour, vous cultivez le patrimoine spirituel et artistique hérité du passé. Ce précieux dépôt, constitué au prix de tant de peines, doit vous être une indication et un encouragement pour votre action. C’est dès maintenant, en effet, qu’il faut développer les germes d’un nouveau progrès musical au service du culte, afin d’assurer à l’Eglise d’aujourd’hui et de demain une musique sacré vivante et actuelle, digne de prendre place à côté de celle des siècles passés.
Allocution au mont Cassin, 24 octobre 1946
Source : Abbaye St Benoit.
Dans la discipline monastique, l’homme est regagné à lui-même et à l’Eglise. Le moine a une place de choix dans le Corps mystique du Christ, une fonction on ne peut plus providentielle et nécessaire. Nous vous le disons parce que Nous savons et Nous voulons avoir toujours dans la noble et sainte famille bénédictine, la gardienne fidèle et jalouse des trésors de la tradition catholique, un centre des études ecclésiastiques les plus patientes et les plus sévères, un lieu où s’exercent les vertus religieuses et, surtout, une école et un exemple de prière liturgique. Cette prière liturgique, Nous savons que vous, les Bénédictins du monde entier, vous la tenez toujours — et la tiendrez toujours, Nous l’espérons — en très grand honneur, comme cela convient pour vous, dans ses formes les plus pures, dans son chant sacré et authentique, et — pour votre office divin — dans sa langue traditionnelle, le noble latin, spécialement dans son esprit lyrique et mystique. La toute récente constitution conciliaire De sacra liturgia attend de vous une adhésion parfaite et une apologie apostolique. Une grande et magnifique tâche s’ouvre devant vous. L’Eglise, de nouveau, vous met sur le candélabre pour que vous éclairiez toute « la maison de Dieu » avec la lumière de la nouvelle pédagogie religieuse que cette constitution entend instaurer dans le peuple chrétien. Fidèles aux vénérables et antiques traditions, et sensibles aux besoins religieux de notre temps, vous aurez encore une fois le mérite d’avoir fait passer dans la spiritualité de l’Eglise le courant vivifiant de votre grand maître.
Discours du Saint Père à l’institut Grégorien de Paris, 6 avril 1964.
Source : site du Vatican.
Par l’exécution du chant grégorien – qui tient son nom du grand Pape saint Grégoire – vous assurez aux offices de la sainte Liturgie de l’Eglise romaine une grande beauté. Ce chant à l’unisson possède en effet à un degré éminent, comme l’ont bien souligné tant de Nos Prédécesseurs, toutes les qualités requises pour la musique religieuse. Il rehausse ainsi la splendeur des rites, il favorise l’unanimité de l’assemblée des fidèles et la dispose à une plus parfaite louange divine.
Et l’on pourrait en dire à peu près autant du chant polyphonique, dans la mesure où il s’éloigne de tout effet théâtral, où le sens des paroles demeure intelligible au peuple fidèle qui l’entend, et où la mélodie s’accorde à l’esprit de l’action liturgique qu’il accompagne.
Soyez donc bien persuadés de l’importance du service que vous rendez dans vos églises respectives. Demeurez-y fidèles, même si cela vous impose parfois de renoncer à certains de vos loisirs o
u de vos distractions. Ayez à cceur de remplir à la perfection votre office de chanteur: par la qualité de votre exécution et par votre maintien modeste durant les cérémonies, vous contribuez fortement à l’édification et à la formation religieuse des fidèles; vous aidez leur foi et leur piété à s’exprimer; vous faites monter vers Dieu la louange de vos chants qui, selon l’adage bien connu, est une double prière.
Peut-être certains d’entre vous sont-ils inquiets des applications futures de la Constitutions sur la Sainte Liturgie, adoptée par les Pères du Concile et promulguée par Nous-même le 4 décembre dernier? Que ceux-là relisent les passages de ce texte admirable concernant le chant liturgique, et en particulier celui-ci: «Le trésor de la musique sacrée sera conservé et cultivé avec la plus grande sollicitude» (Const. de Sacra Liturgia, n. 114), et Nous pensons qu’ils seront pleinement rassurés.
Certes, il y aura à faire tout un travail d’adaptation, mais Nous savons que vous y êtes généreusement disposés et préparés par vos dons, par vos études, par votre zèle, fidèles en cela au mot si juste de Saint Augustin, dont vous avez fait votre devise: «Chanter est le propre de celui qui aime» (Serm. 336, 1). Et il suffit de vous regarder pour apprécier l’amour qui vous anime tous. Aimez donc beaucoup.
Aimez le Seigneur, aimez votre prochain, aimez le chant, aimez la beauté, et chantez. Chantez de toute votre âme ardente et pure. Que vos chants rivalisent avec les mélodies célestes des anges et des âmes justes. Chantez à la gloire et à la louange de Dieu. C’est ainsi que le Pape vous veut et qu’Il vous bénit paternellement.
Sacrosanctum Concilium (Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II, décembre 1963)
Source : site du Vatican.
N° 116 : L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place.
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Pie XII
Musicae Sacrae, 25 décembre 1955.
Il n’existe pas de version française de ce document sur le site internet du Vatican. Version anglaise. Traduction (source www.musique-liturgique.com):N°40. Puisque, si grande est la dignité, si grande l’efficacité de la musique sacrée et du chant religieux, comme Nous venons de l’exposer, il est d’une souveraine nécessité d’apporter un zèle et un soin très attentifs à les disposer sous tous les rapports de telle manière qu’ils puissent heureusement produire leurs fruits salutaires.
N°41. Tout d’abord, le chant et la musique sacrés qui ont les liens les plus étroits avec le culte liturgique de l’Église doivent conduire à la fin sublime qui leur est proposée. Donc cette musique, selon les sages avertissements de Notre prédécesseur saint Pie X, « doit nécessairement posséder les qualités propres à la liturgie ; en premier lieu la sainteté et l’excellence de la forme ; d’où découle de soi-même cette autre note qui est l’universalité »[14].
N°42. Qu’elle soit sainte. Tout ce qui a saveur profane, elle ne doit ni l’admettre en elle-même, ni le laisser s’insinuer dans sa présentation. Cette sainteté est l’attribut éclatant de ce chant grégorien qui a été en usage dans l’Église au cours de tant de siècles, et que l’on peut appeler en quelque sorte son patrimoine.
N°43. Ce chant, en effet, en raison de la convenance intime des mélodies avec le texte sacré des paroles, non seulement s’adapte à celles-ci de la façon la plus étroite, mais encore est comme une traduction de leurs sens et de leur vertu et insinue leur charme dans les âmes des auditeurs. Et elle produit ce résultat par des moyens musicaux simples et purs, mais inspirés par un art si sublime et si saint qu’ils excitent chez tous une sincère admiration, et que les spécialistes eux-mêmes de la musique sacrée et ses praticiens les considèrent comme une source inépuisable d’où ils feront jaillir des œuvres nouvelles.
N°44. Conserver avec zèle le précieux trésor du chant sacré grégorien, le répandre largement dans le peuple chrétien est le devoir de tous ceux à qui le Christ Seigneur a confié la garde et la dispensation des richesses de son Église. C’est pourquoi ce qui a été sagement réglé et prescrit par Nos prédécesseurs, saint Pie X, appelé à juste titre le restaurateur du chant grégorien[15], et Pie XI[16] , Nous aussi, en considération des caractères remarquables que possède le chant grégorien original, Nous désirons et ordonnons de le réaliser, c’est-à-dire que dans l’accomplissement des rites sacrés de la liturgie son usage soit d’un emploi très large, et qu’on donne tout son soin à l’exécuter avec fidélité, dignité et piété.
Encyclique Mediator Dei. 20 novembre 1947.
Version anglaise sur le site du Vatican. Traduction : http://frederic.simon1.free.fr/mediator-dei.htmlPour ce qui concerne l’art musical, qu’on observe religieusement dans la liturgie les règles précises et bien connues, émanées de ce Siège apostolique. Quant au chant grégorien que l’Église romaine considère comme son bien particulier, héritage d’une antique tradition que sa tutelle vigilante a conservée au cours des siècles, qu’elle propose également aux fidèles comme leur bien propre, et qu’elle prescrit absolument en certaines parties de la liturgies (cf. Pie X, Lettre apost. Motu Proprio Tra le sollecitudini), non seulement il ajoute à la beauté et à la solennité des divins mystères, mais il contribue encore au plus haut point à augmenter la foi et la piété des assistants.
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Saint Pie X
Tra le sollecitudine (Motu Proprio sur la musique sacrée, 22 novembre 1903)
Traduction complète : www.musique-liturgique.com1. La musique sacrée, en tant que partie intégrale de la liturgie solennelle, participe à sa fin générale: la gloire de Dieu, la sanctification et l’édification des fidèles. Elle concourt à accroître la dignité et l’éclat des cérémonies ecclésiastiques ; et de même que son rôle principal est de revêtir de mélodies appropriées le texte liturgique proposé à l’intelligence des fidèles, sa fin propre est d’ajouter une efficacité plus gra
nde au texte lui-même, et, par ce moyen, d’exciter plus facilement les fidèles à la dévotion et de les mieux disposer à recueillir les fruits de grâces que procure la célébration des Saints Mystères.
2. La musique sacrée doit donc posséder au plus haut point les qualités propres a la liturgie : la sainteté, l’excellence des formes d’où naît spontanément son autre caractère: l’universalité.
Elle doit être sainte, et par suite exclure tout ce qui la rend profane, non seulement en elle-même, mais encore dans la façon dont les exécutants la présentent.
Elle doit être un art véritable; S’il en était autrement, elle ne pourrait avoir sur l’esprit des auditeurs l’influence heureuse que l’Église entend exercer en l’admettant dans sa liturgie.
Mais elle doit aussi être universelle, en ce sens que s’il est permis à chaque nation d’adopter dans les compositions ecclésiastiques les formes particulières qui constituent d’une certaine façon le caractère propre de sa musique, ces formes seront néanmoins subordonnées aux caractères généraux de la musique sacrée, de manière à ce que personne d’une autre nation ne puisse, à leur audition, éprouver une impression fâcheuse.
II – GENRES DE MUSIQUE SACRÉE –
3. Ces qualités, le chant grégorien les possède au suprême degré; pour cette raison, il est le chant propre de l’Église romaine, le seul chant dont elle a hérité des anciens Pères, celui que dans le cours des siècles elle a gardé avec un soin jaloux dans ses livres liturgiques, qu’elle présente directement comme sien aux fidèles, qu’elle prescrit exclusivement dans certaines parties de la liturgie, et dont de récentes études ont si heureusement rétabli l’intégrité et la pureté.
Pour ces motifs, le chant grégorien a toujours été considéré comme le plus parfait modèle de la musique sacrée, car on peut établir à bon droit la règle générale suivante: Une composition musicale ecclésiastique est d’autant plus sacrée et liturgique que, par l’allure, par l’inspiration et par le goût, elle se rapproche davantage de la mélodie grégorienne, et elle est d’autant moins digne de l’Église qu’elle s’écarte davantage de ce suprême modèle.
L’antique chant grégorien traditionnel devra donc être largement rétabli dans les fonctions du culte, tous devant tenir pour certain qu’un office religieux ne perd rien de sa solennité quand il n’est accompagné d’aucune autre musique que de celle-là.
Que l’on ait un soin tout particulier à rétablir l’usage du chant grégorien parmi le peuple, afin que de nouveau les fidèles prennent, comme autrefois, une part plus active dans la célébration des offices.
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